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Beg-An-Hent-Bras, Roudouallec

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Un blog non officiel sur la commune de Roudouallec (Morbihan - 56   Bretagne)  le passé, le présent, l'imparfait...

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Beg-An-Hent-Bras, Roudouallec

 

 

   Ce premier blog sur Roudouallec est complet, on ne peut plus y ajouter de nouveaux articles; mais il reste consultable à tous moments et à toute heure. La suite se trouve sur le deuxième blog, que l'on peut atteindre en cliquant sur l'adresse ci dessous:

 

http://roudouallec.blogs.fr

 

   Les nouveaux articles sont tous déposés et donc consultables sur le nouveau blog, dont l'adresse e-mail est ci-dessus indiquée en couleur grise. Nous vous remercions pour votre attention. JB

 

 

 

 

épisode 1 : le piano mécanique....

 

ma Maman Soaze,mon Papa Jos,Marcel debout,Robert sur la moto
ma Maman Soaze,mon Papa Jos,Marcel debout,Robert sur la moto 
     BAL  CHEZ  SOAZE  ET  JOS . . . .  
 
 
 
 
1928. Roudouallec est une petite bourgade d'environ un millier d'habitants, située dans le canton de Gourin, à l'extrême nord-ouest du département du Morbihan, empiétant quelque peu sur le département voisin du Finistère.
    Jos,le forgeron, tient, avec sa femme Soaze, un débit de boisson tout en haut du bourg, à "Beg-An-Hent-Bras". Jos est né le 10 Octobre 1900; du temps de son adolescence, il avait animé quelques bals de noce avec son accordéon diatonique, un De Denis à deux rangées. C'est que Jos a la musique dans le sang!... S'étant marié tôt et jeune, le 1er Juillet 1923, il n'avait pu se rendre aux Etats-Unis rejoindre ses copains qui y étaient allés chercher fortune. Ayant effectué son service militaire au "Cadre Noir" de Saumur, Jos avait préféré s'installer comme maréchal-ferrant au bourg.
    Mais les temps sont durs! Il faut trimer et trimer encore pour élever quatre enfants, quatre garçons en bas âge.
    "Et si on ouvrait un bal dans l'arrière-salle du bistrot?" demanda Jos à sa femme Soaze... Alors, cédant à la mode, il emprunte une somme d'argent à Nênêne, sa belle-mère, dont le mari Yves Kervran, travaille aux usines Michelin, aux Etats-Unis.
    Aussitôt dit, aussitôt fait! Jos achète à Nantes un piano mécanique; lequel piano, grand comme une armoire bretonne, sera installé dans l'arrière-salle, un hangar aménagé en piste de danse...

    A cette époque, le courant électrique n'est pas encore installé au bourg de Roudouallec; la salle de danse de Jos et de Soaze est éclairée uniquement par deux lampes à carbure! Toute la jeunesse du bourg et de la campagne vient tournoyer sur les accents martelés par le piano mécanique. Il faut vous dire que les distractions sont rares: pas de radio, pas d'équipe de foot-ball! Seulement quelques parties de cartes les soirs d'hiver, ou de boules sous la chaleur des étés. Le vélo est même un luxe pour la plupart des habitants de Roudouallec et d'ailleurs. Aussi est-on venu à pied le dimanche matin à la messe, en bottes ou en sabots de bois. Les souliers vernis sont enveloppés dans du papier journal et se trouvent au fond d'une sacoche, avec un casse-croûte! On se retrouve tous chez Soaze et Jos vers midi. On s'assoit, on s'installe et on déjeune rapidement. On blague un peu aussi! Et vers une heure et demie, Soaze ouvre la porte de l'arrière-salle... Le garçon le plus rapide introduit le premier sa pièce en brouze à l'effigie de Napoléon III dans la petite fente située sur le côté droit du piano mécanique. On remonte le mécanisme à la main... Et en avant la musique!

    Yves Pierre, dit Pierre, le premier enfant de Soaze et Jos, est né le 1er Mai 1924 à Roudouallec. C'est qu'on ne vient pas souvent au monde dans les maternités, au cours de ces années-là!... Pierre, qui n'a que quatre ans à l'époque, se trouve aux premières loges et, sage comme une image selon ses souvenirs, avec quelques copains accourus aux sons de la musique, ne perd pas une miette du spectacle: il est le fils des patrons, les premières notes musicales sont pour lui!
    Quand la danse est finie, les filles vont s'asseoir sagement sur les bancs de bois placés contre les murs de la salle de danse. Les gars s'attroupent dans un coin, non loin de la porte permettant d'accéder au bistrot, et vont boire un petit coup au comptoir, histoire de se donner un peu d'assurance pour faire front à la gent féminine... Tout l'après-midi se passe ainsi joyeusement et cela, malgré les imprécations virulentes du curé qui, le matin même, au sermon et en Breton, avait interdit à la jeunesse et aux autres d'aller danser chez Soaze et Jos, cette "maison du diable"! Oui mais... Ce même curé venait faire réparer sa bicyclette chez ce même Jos, les autres jours de la semaine... Toujours est-il qu'aux carreaux de la salle de danse, on apercevait parfois les visages de curieux qui, du dehors, voulaient aussi jouir du spectacle ou de la bagarre provoquée par Bacchus, le dieu du vin, ou plus rarement par les rivalités  d'amoureux... Et puis vers sept heures du soir, la fatigue aidant, la faim se faisait sentir et chacun retournait chez lui, après avoir rechaussé bottes ou sabots de bois.
    "Demain, on travaille!" disait l'énigmatique Bébert à sa jolie Mimi Pinson...

                   à suivre...
 

 

épisode 2 : tu danses, chérie ?

 

Marie Le Goff, Papa Jos, Maman Soaze, Marie Riou
Marie Le Goff, Papa Jos, Maman Soaze, Marie Riou 
>>> Et les danses? vous direz-vous; que dansait-on en ce temps-là? Eh bien, sachez que sur l'un des côtés du piano mécanique de Soaze et Jos, il y avait un petit répertoire de danses numérotées. Vous vouliez une polka? Alors, il fallait tourner une seconde manivelle pour obtenir le numéro 3 par exemple, s'il correspondait à la polka. Il n'y avait que 12 titres: des marches telles que "Avoir un bon copain", des foxes-trots de la veine de "Les bijoux", des valses comme "Ramona", bien sûr. Ah, que de fois le petit Pierre s'est-il endormi en rêvant à la mystérieuse Ramona!... N'oublions pas non plus les one-steps comme "Le grand rouquin", les bostons avec notamment "Les papillons de nuit", les charlestons tels que "Ram-pam-pam", nouvellement importés des U.S.A. et qui faisaient fureur. Et enfin des tangos comme "Viens près de moi", et des javas telles que "Près de toi ma brune". Une java en particulier paraissait quelque peu énigmatique à petit Pierre, java dont il pourra lire le titre quand il aura six ans: "La Java des poules en retraites". Authentique! Petit Pierre s'en souvient encore aujourd'hui! En effet, comment de braves poules pouvaient-elles prendre leur retraite, alors que celles de ses grands-mères finissaient immanquablement leur courte existence au fond d'un grand pot de fer?... Petit Pierre, du haut de ses six ans, ne connaissait, lui, qu'une seule et unique catégorie de "poules"! De nos jours, petit Pierre devenu un peu plus grand, donnerait beaucoup pour ré-entendre quelques notes égrainées par ce bon vieux piano mécanique hélas démoli gaillardement à coups de marteaux par ses petits frères et quelques copains... Pauvre vieux piano, qui a pris sa retraite lui-aussi sur un tas de ferraille, derrière la forge de Papa Jos, vers le milieu des années 50...

                   ............à suivre!...
 

 

épisode 3 : Pér Mongn' . . .

 

mon père Jos et ma mère Soaze
mon père Jos et ma mère Soaze 
1933... Le brave piano mécanique n'est pas encore brisé; il est toujours dans son coin et remplit vaillamment sa mission: faire tourner les jeunes le dimanche après-midi. Mais, comme vous le savez, tout passe, tout lasse. Tout le monde connaît par coeur les douze titres du répertoire pianistique. Il faut du nouveau, et c'est normal. Mais comment faire? Il n'existe pas encore de véritables formations musicales constituées, alors que des sonneurs de binious et de bombardes font fureur dans les noces et fêtes locales. En outre, il n'y a pas de courant électrique, donc pas de radio. Il y a bien quelques gramophones, venant tous des U.S.A. où travaillaient beaucoup de Roudoualleccois; mais ce sont des disques 78 tours de jazz, pièces rares et qui valent de l'or aujourd'hui, alors qu'à Roudouallec, ce sont valses, javas et tangos que l'on demande! Le seul instrument capable de véhiculer, donc de faire apprendre, les nouveautés de la chanson, c'est l'accordéon chromatique. Hélas, il n'y a pas d'accordéoniste dans Roudouallec! Il faut donc faire quelque chose...

    Jos n'est pas homme à tergiverser, il prend vite sa décision: quand il n'y aura pas de matinée dansante avec le piano mécanique, il y aura bal le dimanche soir avec un accordéoniste.
    Jos a entendu parler des frères Richard, de Rosporden. Le cachet demandé: 100 francs pour 1 musicien. Cher! Cher!... Jos contacte Alexandre Guillou de Leuhan, Finistère, qui réclame 80 francs. C'est encore trop cher! Finalement, c'est un gars de Laz qui fera l'affaire pour 60 francs... Pér Mongn' arrive donc chez Soaze et Jos, à Roudouallec, à bicyclette, son accordéon sur le dos, dans une housse de cuir, ce dimanche après-midi de 1933.......
   
    Le bistrot de Soaze et Jos est plein à craquer en ce dimanche après-midi de novembre. La curiosité est générale: on voit enfin, en chair et en os, un accordéoniste, un vrai de vrai! Il déballe son "chromatique" sur une table: c'est un Ranco Gugliemo bleu pâle à deux rangées, la caisse incrustée de perles. Pér roule sa cigarette, ajuste ses courroies et, la tête tournée sur le côté car atteint d'un léger strabisme, assis sur une chaise, attaque un one-step en martelant le sol du talon...
    C'est le succès immédiat! On applaudit à tout rompre. Soaze, la patronne, lui apporte un grog bien chaud, grog que le pauvre Pér a bien mérité... Et, de cinq heures jusqu'à sept heures du soir, Pér Mongn' va jouer pour la galerie, et bénévolement en partie, acceptant un verre par-ci, un chouchen par-là, avant de passer à table.
    Petit Pierre Bleuzen, qui n'a encore que 8 ans, est en admiration devant l'idole.......

    Après un bon souper, Pér, un peu "échauffé" il faut bien l'avouer, allume une bonne roulée et se relève, car il faut bien aller au "boulot" jusqu'à 1 heure du matin!... C'est sur une petite estrade, formée par quelques planches posées sur deux tréteaux. On aide Pér à monter, il a tôt fait d'installer son "Jazz Band" au pied... Et puis hop là! Pér attaque un one-step des plus entraînant!...

                       ............... à suivre!................
 

 

épisode 4 : Pér perd les pédales . . .

 

sur la droite,notre maison natale.La forge:côté EST près de l'arbre
sur la droite,notre maison natale.La forge:côté EST près de l'arbre 
Que l'on vous explique un peu ce qu'est un "jazz band". Un seul musicien, fut-il Marcel Azzola, ne suffira jamais pour animer un bal. A l'époque donc, le musicien fixe sur l'estrade, avec des pointes et un marteau, une espèce de grand tambour mince: la grosse caisse, qu'il frappe du pied droit avec une pédale pour donner la cadence, les grelots ayant disparu, pendant que le pied gauche frappe, à contre-temps, sur une autre pédale qui actionne deux cymbales: la charleston.

Vous imaginez bien que ce n'est pas facile de penser "en même temps" à synchroniser sa main droite qui joue le chant, sa main gauche qui fait l'accompagnement aux basses, son pied droit à la grosse caisse, et son pied gauche à la charleston! Essayez un peu, et vous verrez par vous-même...
    Pér Mongn' perd souvent les pédales, c'est le cas de le dire, et s'embrouille parfois. Mais qu'à cela ne tienne! Pér se débrouille toujours pour finir son morceau "en mesure"!!! Un petit coup de rouge, un arrêt de trois minutes et hop! ça repart!!! Ah mais...


             .............................à suivre!.........................