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Beg-An-Hent-Bras, Roudouallec

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Un blog non officiel sur la commune de Roudouallec (Morbihan - 56   Bretagne)  le passé, le présent, l'imparfait...

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Beg-An-Hent-Bras, Roudouallec

poufér' bras vi' morc'h...

 

une chaudière pour les cochons (ça sonne MAL, en Français...) visible au "Four à Pain" de Ty-An-Teurec, St-Goazec (29).

une chaudière pour les cochons (ça sonne MAL, en Français...)
une chaudière pour les cochons (ça sonne MAL, en Français...) 
...la grosse marmite en fer pour les cochons...

Pour cuire la nourriture aux cochons: des vieilles pommes de terre, des rutabagas, des betteraves, et tous autres légumes de la même catégorie
qu'on cultivait alors dans les fermes. "Alors", ça veut dire: il y a bien longtemps!

Comme on le voit sur la photo, c'était un élément très volumineux, en fonte:

- 4 pieds...

- un foyer
 dans lequel la fermière et le fermier faisaient et entretenaient
un gros feu de bois, pas de charbon...


- une large paroi de forme arrondie, en fonte aussi...

- une énorme et lourde bassine, en fonte,
posée sur cette paroi, façon "bain-Marie"...

- une première partie de couvercle, ronde,
comme un disque vinyle 45 tours, une grande ouverture au centre...

- un couvercle en fonte, ordinaire,
avec une poignée, couvercle qui achevait
de recouvrir cet énorme chaudron.

Ce "terrible engin" était installé dans un "kail" spécial, car il dégageait une chaleur terrible et prenait beaucoup de place. On y ajoutait un gros tuyau et parfois des coudes, comme pour une cuisinière à bois-charbon,
 de sorte que la fumée puisse s'échapper dans l'air, à condition que l'on ait "fait une ouverture" dans le toit de tôles recouvrant le kail!
Il fallait penser à tout...

Notre chère voisine des Ajoncs d'Or,
ancienne cultivatrice avec son époux,
nous a bien raconté comment les choses se passaient.


Dans le foyer de ce poufér' bras, on plaçait du bois, du coat koz,
mais jamais jamais de charbon.

Ce poufér' ne servait pas uniquement à cuire la nourriture des cochons.
On l'utilisait aussi pour cuire les pots de pâté, de viande,
et d'autres conserves.
Dans ces cas, il fallait disposer du foin ou de la paille autour des pots car en bouillant, ils auraient pu se toucher et se casser.

Également, on y faisait chauffer de l'eau, tout simplement,
avec laquelle on faisait un "plat" spécial pour les vaches venant de vêler:
un breuvage composé de farine, de son et donc d'eau chaude (tiède, plutôt).
Ces vaches nouvellement mères, il fallait les sortir de la crèche,
"pour ne pas faire envie aux autres"... Et pour leur redonner un peu plus de forces, on ajoutait dans leur brouet de nourriture spéciale: des tranches de ruta,
quelques pommes de terre cuites, etc... Chez notre chère voisine,
on appelait ça: un barbotage.

Encore,
 ce gros chaudron servait à chauffer un seau de lait au bain-Marie,
lait que l'on donnait tiède ensuite aux petits veaux.

Ce n'est pas tout-à-fait fini...
C'était bel et bien un gros engin "multi-fonctions"...


On y chauffait de l'eau aussi lorsqu'on s'apprêtait à tuer le cochon! Il y avait besoin de beaucoup d'eau chaude à cette époque-là, pour nettoyer les quartiers de viande, et pour nettoyer toutes les "choses" qui participaient à la découpe!

"Tout ça était fait avec les mains"
insiste notre chère voisine.
"Et on était bien contents de ne pas avoir à faire ce travail-là
à l'intérieur de la maison!"


Une autre chose encore, à laquelle on ne pense pas vraiment:
on faisait la grande toilette corporelle dans cet endroit-là,
dans le kail où se trouvait le poufér',
car on y faisait chauffer de l'eau, et on avait chaud!!!
Alors, il fallait bien fermer la porte de ce lieu
pour ne pas être "dérangé".......

Ça arrivait assez souvent aussi que la partie intérieure "cuve chauffante"
se fende, se casse, et soit alors inutilisable. Il fallait donc la changer
et en acheter une neuve. On achetait les nôtres chez Jos Bleuzen,
qui venait à la ferme les "poser", comme on disait alors.
Jos faisait venir ces engins-là de la Fonderie du Pas,
à Lanfains, dans les Côtes-du-Nord.

Et c'était un sacré travail, après avoir utilisé ce grand poufér',
car il fallait tout nettoyer! C'était dur! Mais on travaillait quand même,
il fallait bien. On ne se posait même pas la question.

Et puis la vie a "évolué"... Les choses ont changé...
Les coopératives se sont mises à fabriquer du lait en poudre, des bouchons d'herbe pour donner aux bêtes... Il y a eu l'ensilage, que tout le monde doit connaître aussi, pour maintenant. Si bien que petit à petit, on a vu disparaître
ces malheureux poufér' bras, dont certains sont installés sur des pelouses
pour y accueillir des fleurs!!! Tu te rends compte!!!!!!!

 

 

 

une soue (kraou morc'h) un verrat  (mâle reproducteur) pour bien cuire les pieds de cochons...

 
 
 

 

l'écrémeuse

 

 
Notre si chère voisine, qui nous raconte de temps en temps ses souvenirs de jeunesse à la ferme, a répondu dernièrement, avec un plaisir visible,
 aux questions que nous lui avons posées
 à propos de l'écrémeuse et de la baratte.

Nous commençons logiquement
 par

 l'écrémeuse.

Les parents de notre voisine, vers la fin des années 20
et surtout dans les années 30 où elle était gamine
 dans une ferme de la région de Laz - Leuhan,
possédaient alors un troupeau composé d'une douzaine de vaches.
 Ces charmantes bêtes étaient élevées principalement pour la production de lait, puis pour la production de petits veaux
(viande, renouvellement du cheptel, croisements).

Concernant le lait, notre voisine se rappelle plus que très bien!
Les vaches étaient traites deux fois par jour: le matin et le soir.
Et surtout, tout le lait était également écrémé deux fois par jour.

Ce qui sous-entend  qu'il fallait laver l'écrémeuse deux fois par jour aussi!
La "grande lessive" de l'écrémeuse se passait le matin: on "écrémait"
 un seau d'eau en guise de nettoyage, par exemple.

Chez les parents de notre voisine, on ne vendait jamais le lait entier
(non écrémé) car il servait comme nourriture à la famille,
et bien sûr à la production de crème en vue de fabriquer du beurre.

 C'est ainsi que notre gentille amie n'oubliera jamais le "lait de poule"
que sa maman lui faisait chaque jour, après son retour de l'école:
un jaune d'oeuf dilué avec du lait froid, puis légèrement sucré...
Parfois, on remplaçait le lait froid par du lait très légèrement tiédi.
(pas chaud! sinon, le jaune d'oeuf commençait alors à cuire
et à perdre de sa saveur)
Sa maman lui faisait aussi de la soupe aux vermicelles et au lait!

Le lait une fois écrémé n'était bien sûr pas jeté:
on le donnait aux autres animaux de la (petite, toute petite) ferme.

Mais tout le monde n'avait pas forcément une écrémeuse à la maison:
- ou bien ils étaient pauvres,
- ou bien ils ne possédaient qu'une ou deux vaches.

Alors, "écrémer" le lait consistait à racler, à l'aide d'une simple louche,
 la crème qui remontait lentement après plusieurs heures, ou la nuit entière,
à la surface du récipient contenant le lait entier,
à la déposer dans un autre récipient, qui était ensuite versé
dans une baratte pour faire le beurre avec cette crème ainsi raclée.

Dans une écrémeuse, la séparation de la crème et du lait se fait
par "centrifugation", comme aime à nous le rappeler notre voisine.
L'écrémeuse centrifuge, comme celles que l'on voit parfois au cours des expositions de vieux métiers et vieux instruments, a été inventée
vers l'année 1878 à peu près, selon les connaissances de notre amie.

Le principe de l'écrémage est celui-ci:

- dans l'écrémeuse, on fait couler le lait à grande vitesse
 (dans les 12 000 tours par minute, nous a précisé notre voisine!!)
sur un empilement d'assiettes inclinées. Oui! Il faut que ça tourne très vite!

Sous l'action de la force centrifuge (du "centre" vers "l'extérieur"...),
les globules gras se rassemblent vers le centre du tourbillon
et donne.......la crème.

Quant aux "éléments" non gras, ils sont "projetés" vers les parois extérieures:
c'est le lait dit écrémé.
 

 

ar ribot...

 

 
...la baratte, en Français.



C'est toujours notre chère voisine, ancienne agricultrice
dans une ferme de la campagne roudouallecoise,
mais née à Laz (29), qui nous transmet ses souvenirs de jeunesse dans la (petite, toute petite) ferme de ses parents,
dans la deuxième partie des années 20 puis dans les années 30.
 Nous nous faisons un devoir et une joie réelle
de les présenter ici, de les "partager".

Dans la suite logique de l'article récent consacré à l'écrèmeuse,
nous présentons cette fois la baratte, ou: ar ribot, en Breton.



La baratte est (était?) un instrument qui permettait de transformer
 la crème de lait en beurre. Il s'agissait, en faisant tourner
la "mécanique", de séparer les particules de matière grasse
contenues dans la crème, du lactosérum, dit petit lait,
dit lait de beurre, dit encore babeurre...

Toujours d'après notre voisine,
 
lors du barattage, les particules de matière grasse contenues
dans la crème s'agglomèrent entre elles et constituent
des grains de beurre. On les extrait alors de la baratte,
on les lave puis on les "malaxe",
pour ainsi débarrasser le "beurre" d'un maximum de babeurre,
ou petit lait...



Notre chère voisine se rappelle que c'était Maurice Poupon,
de Leuhan, qui venait "poser" les nouvelles écrèmeuses,
et réparer celles qui en avaient besoin...

Mais que c'est loin, tout ça!

Chez notre amie, comme dans bien d'autres familles, on ne laissait pas couler de l'écrèmeuse la crème fraîche dans un pot contenant déjà de la crème "froide"! Cette dernière était vidée dans un pot en grès, plus grand. La nouvelle crème devait "refroidir" un moment, avant d'être à son tour versée dans le pot en grès.

"La crème fraîche était dure à baratter, nous dit notre voisine.
Avant de la baratter, on devait attendre quelques jours.
Chez nous, on mettait les pots (en grès) de crème au bain-Marie froid, dehors, pendant la nuit. Ou on la mettait aussi souvent
dans l'eau du puits!. En tout cas, on attendait quelques jours,
avant de baratter la crème fraîche."



Dans l'appentis mitoyen à l'arrière de la maison,

l'écrèmeuse et la baratte étaient proches l'une de l'autre.
Il y avait aussi ce qu'on appelait l'armoire à lait,
 ou "marb'l - lez".
C'était plus petit qu'une armoire bretonne. Il y avait soit une seule porte, soit deux portes... ça dépendait s'il y avait beaucoup
de vaches, de lait, de monde à la ferme...
On y conservait le beurre à la maison.
Les parois étaient faites d'une sorte de grillage
à tout petits carreaux,
 comme pour les "garde-manger" mod-koz.

Attention!
 précise notre amie; le marb'l-lez et le garde-manger,
ce n'était pas la même chose! "Je me rappelle bien, dit encore
notre chère voisine, que quand on était en pension à Chateauneuf, on avait chacune un garde-manger au réfectoire!"



Bon!
Revenons à la baratte...

Notre bien chère amie nous a confié d'autres nombreuses petites informations sur ce sujet:

  Les parents de notre ancienne fermière vendaient une partie
 de leur beurre deux fois par semaine, à Bec-Ar-Menez, au carrefour de la route dite de Leuhan et de celle menant de Roudouallec
à Chateauneuf-du-Faou et Laz. Un marchand passait à cet endroit régulièrement, près de la maison de la famille Salaün.

  Le beurre fabriqué  par les parents de notre voisine était particulièrement bon
 car, outre le prix "normal" versé en argent liquide pour le beurre,
ledit marchand leur donnait toujours un peu plus de "sous",
 en cachette...car, on le répète, ce beurre était
 particulièrement savoureux.

Lors de la marche à pied, de leur petite ferme jusqu'au lieu de vente à Bec-Ar-Menez, le beurre se trouvait dans de larges jattes
qui étaient placées au fond de grandes sacoches noires "mod-kozh".

Le beurre était vendu "doux"; les acheteurs, dans les épiceries des communes après, le salaient à leur gré. Parfois, un peu de petit lait "giclait" de la motte de beurre... ça montrait bien
 que les boulettes de beurre n'avaient pas été sorties
de la baratte comme il aurait fallu!!!

Quelques petites années plus tard, un marchand passait
 en camionnette dans les "fermes" ramasser les beurres à vendre.
Toujours payés en "liquide"... car les chèques n'étaient pas encore
popularisés, à vrai dire.......

Tout le beurre fabriqué n'était pas vendu! On en gardait
 pour la maison, bien sûr...Et je vais même te dire quelque chose,
nous a "murmuré" notre bien chère voisine:
on mettait la plus belle crème de côté pour nous, pour la famille,
ce qui nous permettait de fabriquer du beurre extra,
rien que pour nous!....
Et ce bon beurre, on le mettait sur nos crêpes et sur le pain.
Et on s'en servait aussi pour faire la cuisine.

Quand on avait sorti toutes les petites boules de beurre
 de la baratte, il restait

le "lez-ribot",

le lait ribot comme on dit maintenant!
On ne le jetait pas, on mangeait des pommes de terre au lez-ribot,
on le buvait en mangeant des crêpes aussi...

Et parfois, ma mère fabriquait

 du "lez-Gwell'd"

c'est-à-dire du lait caillé. Mais je ne sais plus trop ce qu'elle mettait dedans pour le faire cailler...

Je me rappelle aussi qu'on mangeait souvent de la soupe vermicelle faite avec du lait! Ma soeur et moi, on aimait bien ça....


Parfois, un menuisier qui habitait à Croas-An-Teurec, un petit peu plus bas que la maison où les boches ont tué toute la famille Herviou, venait réparer la baratte chez nous, quand elle coïnçait
un peu... C'était un cousin à ton père, il s'appelait Charles Bleuzen; c'était un célibataire. Son père, c'était Jop! Et sa mère, on l'appelait Chann Jop...Ou encore Chann Guern-Ar-Pipet.



Voilà ce que nous a raconté notre si chère voisine, il y a quelques semaines, à propos de l'écrèmeuse et de la baratte.

Tout ce qui est écrit ici est vrai, authentique.
La vérité n'a pas été travestie. Jamais.

Dès que possible, nous comptons bien
faire remonter encore d'autres souvenirs
de l'esprit et du coeur de notre chère amie.

 

 

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