Beg-An-Hent-Bras, Roudouallec
double meurtre mystérieux à Gourin...
1- la micheline de 6h21...
L'autorail quitta Gourin à 6h 21. Madame Le Corre vit passer l'homme peu après. Monsieur Toulgoat le vit un peu plus tard, rôdant, se dissimulant. Madame Amélie Le Clech entendit le cri à 6h 40. Le coup de feu retentit quelques minutes plus tard.
A 7 heures précises, c'était l'ouverture officielle de la chasse. A 9h30, Monsieur Le Clech vit les jambes de l'homme dans les noisetiers. Au même moment, Louise Ar C'halvez atteignit le bout du chemin en vue de la maison. Elle s'arrêta un instant pour souffler. D'une main coquette, elle arrangea sa coiffe amidonnée et mit de l'ordre dans les plis de son costume. Puis elle se dirigea d'un pas ferme vers la maison. Arrivée devant la porte, elle frappa. Le silence régnait à l'intérieur.
Louise Ar C'halvez s'éloigna et s'assit sur un talus, face à la vallée. Le soleil était déjà haut dans le ciel tout bleu. Il faisait chaud. La vieille Bretonne allongea ses jambes, posa ses mains sur les genoux et contempla le paysage. Les champs bordés de haies dévalaient jusqu'à la petite rivière cachée par un rideau d'arbres. Un peu au-delà, la ligne grise de la route de Carhaix s'étirait, horizontalement, au bas de l'autre flanc de la vallée.
Dans la masse verte des chênes, la plaie des Carrières Blanches jetait un éclat aveuglant. Plus loin, sur la gauche, la clocher tarabiscoté de l'église de Gourin se détachait, noir, sur le ciel. Louise Ar C'halvez était née à 4 kilomètres de là il y a plus de 87 ans, à St-Hervé, où il y a tous les ans un grand pardon le dernier dimanche de septembre. Elle n'avait jamais quitté son pays. Dans son visage large, bronzé, à la peau parcheminée, ses petits yeux bleus de Celte pétillaient de satisfaction. Elle était née là, elle mourrait là. Elle était heureuse.
Ses mains se perdirent dans les profondeurs de sa robe et en retirèrent une blague à tabac en caoutchouc et une petite pipe en racine de bruyère qu'elle se mit à bourrer avec application et qu'elle ficha entre ses lèvres.
............................. à suivre.....................
L'autorail quitta Gourin à 6h 21. Madame Le Corre vit passer l'homme peu après. Monsieur Toulgoat le vit un peu plus tard, rôdant, se dissimulant. Madame Amélie Le Clech entendit le cri à 6h 40. Le coup de feu retentit quelques minutes plus tard.
A 7 heures précises, c'était l'ouverture officielle de la chasse. A 9h30, Monsieur Le Clech vit les jambes de l'homme dans les noisetiers. Au même moment, Louise Ar C'halvez atteignit le bout du chemin en vue de la maison. Elle s'arrêta un instant pour souffler. D'une main coquette, elle arrangea sa coiffe amidonnée et mit de l'ordre dans les plis de son costume. Puis elle se dirigea d'un pas ferme vers la maison. Arrivée devant la porte, elle frappa. Le silence régnait à l'intérieur.
Louise Ar C'halvez s'éloigna et s'assit sur un talus, face à la vallée. Le soleil était déjà haut dans le ciel tout bleu. Il faisait chaud. La vieille Bretonne allongea ses jambes, posa ses mains sur les genoux et contempla le paysage. Les champs bordés de haies dévalaient jusqu'à la petite rivière cachée par un rideau d'arbres. Un peu au-delà, la ligne grise de la route de Carhaix s'étirait, horizontalement, au bas de l'autre flanc de la vallée.
Dans la masse verte des chênes, la plaie des Carrières Blanches jetait un éclat aveuglant. Plus loin, sur la gauche, la clocher tarabiscoté de l'église de Gourin se détachait, noir, sur le ciel. Louise Ar C'halvez était née à 4 kilomètres de là il y a plus de 87 ans, à St-Hervé, où il y a tous les ans un grand pardon le dernier dimanche de septembre. Elle n'avait jamais quitté son pays. Dans son visage large, bronzé, à la peau parcheminée, ses petits yeux bleus de Celte pétillaient de satisfaction. Elle était née là, elle mourrait là. Elle était heureuse.
Ses mains se perdirent dans les profondeurs de sa robe et en retirèrent une blague à tabac en caoutchouc et une petite pipe en racine de bruyère qu'elle se mit à bourrer avec application et qu'elle ficha entre ses lèvres.
............................. à suivre.....................
2- la boîte d'allumettes.
Puis l'une de ses mains replongea dans la robe à la recherche d'une boîte d'allumettes, et Louise Ar C'halvez se mit à fumer paisiblement dans le soleil matinal, assise sur le talus, sa robe déployée sur l'herbe humide de rosée.
Un coup de feu éclata dans la campagne et les flancs de la vallée renvoyèrent sèchement l'écho. Les vitres de l'unique fenêtre de la maison vibrèrent.
Louise Ar C'halvez pensa que les deux vieilles amies n'allaient sûrement plus tarder à revenir de la messe.
C'était une habitude vieille de treize ans qu'elle avait prise de venir passer le dimanche à Moulin-à-Vent, depuis que Marie-Anne Le Floc'h, son mari et sa servante s'étaient installés dans le penty solitaire. Le mari était mort au mois de juin, à l'âge de 86 ans. Il était tombé un matin dans le champ, derrière la maison, et il était resté sans bouger et sans parler jusqu'à ce qu'on vienne le chercher. Il avait fallu le porter et le mettre dans son lit. Il était mort cinq jours plus tard, sans avoir mangé ni prononcé une parole depuis sa chute.
Marie-Anne Le Floc'h s'était retrouvée seule à 80 ans avec sa servante, Victorine Moulec, qui en avait 65 et qui était depuis cinquante et un ans à son
service. Les deux femmes étaient devenues des amies inséparables.
"Elles font les jeunes filles maintenant, constata Louise Ar C'halvez d'un air pincé. Elles sont toujours à vadrouiller!..."
Elle était un peu vexée que ses deux hôtesses soient si longues à revenir de la messe, sachant qu'elle était là à les attendre. Déjà, pas le dimanche précédent mais celui d'avant, Louise Ar C'halvez avait trouvé la porte close. Elle s'en était retournée chez elle à midi. Au bourg, on lui avait appris que les deux vieilles étaient parties pour Lourdes avec la fille et le gendre de Marie-Anne Le Floc'h.
Et voilà qu'aujourd'hui, les deux femmes étaient encore absentes. La visiteuse vida sa pipe, se leva et s'approcha de la fenêtre dont les volets étaient ouverts. Elle se pencha, colla son front contre la vitre froide et mit la main en visière pour voir à l'intérieur de la maison...
Elle poussa un grand cri ! Son visage prit une teinte grisâtre, elle souleva sa robe et s'enfuit en hurlant: "Ma Doué ! Ma Doué ! "
................................ à suivre...........
Un coup de feu éclata dans la campagne et les flancs de la vallée renvoyèrent sèchement l'écho. Les vitres de l'unique fenêtre de la maison vibrèrent.
Louise Ar C'halvez pensa que les deux vieilles amies n'allaient sûrement plus tarder à revenir de la messe.
C'était une habitude vieille de treize ans qu'elle avait prise de venir passer le dimanche à Moulin-à-Vent, depuis que Marie-Anne Le Floc'h, son mari et sa servante s'étaient installés dans le penty solitaire. Le mari était mort au mois de juin, à l'âge de 86 ans. Il était tombé un matin dans le champ, derrière la maison, et il était resté sans bouger et sans parler jusqu'à ce qu'on vienne le chercher. Il avait fallu le porter et le mettre dans son lit. Il était mort cinq jours plus tard, sans avoir mangé ni prononcé une parole depuis sa chute.
Marie-Anne Le Floc'h s'était retrouvée seule à 80 ans avec sa servante, Victorine Moulec, qui en avait 65 et qui était depuis cinquante et un ans à son
service. Les deux femmes étaient devenues des amies inséparables.
"Elles font les jeunes filles maintenant, constata Louise Ar C'halvez d'un air pincé. Elles sont toujours à vadrouiller!..."
Elle était un peu vexée que ses deux hôtesses soient si longues à revenir de la messe, sachant qu'elle était là à les attendre. Déjà, pas le dimanche précédent mais celui d'avant, Louise Ar C'halvez avait trouvé la porte close. Elle s'en était retournée chez elle à midi. Au bourg, on lui avait appris que les deux vieilles étaient parties pour Lourdes avec la fille et le gendre de Marie-Anne Le Floc'h.
Et voilà qu'aujourd'hui, les deux femmes étaient encore absentes. La visiteuse vida sa pipe, se leva et s'approcha de la fenêtre dont les volets étaient ouverts. Elle se pencha, colla son front contre la vitre froide et mit la main en visière pour voir à l'intérieur de la maison...
Elle poussa un grand cri ! Son visage prit une teinte grisâtre, elle souleva sa robe et s'enfuit en hurlant: "Ma Doué ! Ma Doué ! "
................................ à suivre...........
3- la barrière des Parchemin.
Elle poussa la barrière des Parchemin et gravit le champ aussi vite qu'elle put, criant toujours. Elle trébucha, se releva, trébucha encore. Sa coiffe se mit toute de travers... En haut du champ, elle tomba encore. Elle était épuisée, bouleversée. Elle cria plus fort. Louis Boëdec l'entendit et courut à sa rencontre. Il s'agenouilla auprès de la vieille femme. Elle était incapable de parler. Elle faisait des gestes en direction du penty de Moulin-à-Vent et répétait, désespérée:
" Ma Doué ! Ma Doué !"
Louis Boëdec comprit qu'elle voulait qu'il descende au penty. Il y alla, et revint quelques instants plus tard, pâle comme un mort. Un autre voisin, Joseph Parchemin, était accouru aux cris de Louise Ar C'halvez. Il lui dit d'une voix blanche: " Viens voir ! Viens voir !"
Quand les deux hommes remontèrent, les traits décomposés, ils pouvaient à peine parler. Quelques instants plus tard, Joseph Parchemin avait enfourché sa mobylette et fonçait vers la Gendarmerie de Gourin...
La nouvelle se répandit dans le bourg de Gourin comme la flamme sur une traînée de poudre noire. Les habitants en restèrent glacés d'horreur et de stupeur. De mémoire de Gourinois, c'était le premier crime dans la région depuis 1901. Jamais, ô grand jamais, Gourin n'avait vu une chose aussi atroce.
C'est un petit bourg paisible, d'un peu plus de trois mille âmes, qui vit de l'élevage et de la culture, d'une conserverie de légumes qui emploie une centaine d'ouvriers et d'ouvrières quelques mois par an, des carrières de pierres blanches qui rongent la montagne, laissant derrière elles le décor lugubre des grandes entailles abandonnées creusées de puits, de galeries insondables où stagne une eau lourde et noire, des carrières d'ardoises où l'on remonte des entrailles de la terre la pierre bleue que l'on fend aussitôt, encore humide.
Il y a aussi la petite "Amérique" à Gourin et les "Américains", les émigrants, les colons qui depuis plus d'un siècle s'embarquent pour le Nouveau Monde, l'Argentine, les Etats Unis, le Canada, qui débutent là-bas comme plongeurs puis deviennent maîtres d'hôtel ou cuisiniers, et qui reviennent au pays dans de rutilantes voitures immatriculées "TT", qui parlent Breton avec l'accent de l'Oklahoma et qui se retirent dans de somptueuses villas qu'ils font bâtir en granit gris ou rose.
Quand les gendarmes arrivèrent à Moulin-à-Vent, quelques curieux s'étaient déjà attroupés devant la maison, à une distance plutôt respectueuse.
Pour ouvrir complètement la porte, ils durent repousser le corps de la servante allongée juste derrière, les reins brisés, la tête défoncée, les cheveux défaits baignant dans une mare de sang, un bras raidi dans un dernier geste de supplication vers son bourreau.
Sur le lit placé contre la fenêtre gisait, en travers, une jambe pendant dans le vide, le corps atrocement mutilé de sa maîtresse. La tête de Marie-Anne Le Floc'h avait été, elle aussi, affreusement défoncée, le visage tailladé. Les mains qu'elle avait croisées sur la poitrine comme pour prier juste avant de mourir, étaient maculées de sang; un doigt avait été sectionné. Le sang avait giclé partout, sur les murs, et jusqu'au plafond. Il y en avait aussi sur le seuil.
........................................... à suivre ...............
" Ma Doué ! Ma Doué !"
Louis Boëdec comprit qu'elle voulait qu'il descende au penty. Il y alla, et revint quelques instants plus tard, pâle comme un mort. Un autre voisin, Joseph Parchemin, était accouru aux cris de Louise Ar C'halvez. Il lui dit d'une voix blanche: " Viens voir ! Viens voir !"
Quand les deux hommes remontèrent, les traits décomposés, ils pouvaient à peine parler. Quelques instants plus tard, Joseph Parchemin avait enfourché sa mobylette et fonçait vers la Gendarmerie de Gourin...
La nouvelle se répandit dans le bourg de Gourin comme la flamme sur une traînée de poudre noire. Les habitants en restèrent glacés d'horreur et de stupeur. De mémoire de Gourinois, c'était le premier crime dans la région depuis 1901. Jamais, ô grand jamais, Gourin n'avait vu une chose aussi atroce.
C'est un petit bourg paisible, d'un peu plus de trois mille âmes, qui vit de l'élevage et de la culture, d'une conserverie de légumes qui emploie une centaine d'ouvriers et d'ouvrières quelques mois par an, des carrières de pierres blanches qui rongent la montagne, laissant derrière elles le décor lugubre des grandes entailles abandonnées creusées de puits, de galeries insondables où stagne une eau lourde et noire, des carrières d'ardoises où l'on remonte des entrailles de la terre la pierre bleue que l'on fend aussitôt, encore humide.
Il y a aussi la petite "Amérique" à Gourin et les "Américains", les émigrants, les colons qui depuis plus d'un siècle s'embarquent pour le Nouveau Monde, l'Argentine, les Etats Unis, le Canada, qui débutent là-bas comme plongeurs puis deviennent maîtres d'hôtel ou cuisiniers, et qui reviennent au pays dans de rutilantes voitures immatriculées "TT", qui parlent Breton avec l'accent de l'Oklahoma et qui se retirent dans de somptueuses villas qu'ils font bâtir en granit gris ou rose.
Quand les gendarmes arrivèrent à Moulin-à-Vent, quelques curieux s'étaient déjà attroupés devant la maison, à une distance plutôt respectueuse.
Pour ouvrir complètement la porte, ils durent repousser le corps de la servante allongée juste derrière, les reins brisés, la tête défoncée, les cheveux défaits baignant dans une mare de sang, un bras raidi dans un dernier geste de supplication vers son bourreau.
Sur le lit placé contre la fenêtre gisait, en travers, une jambe pendant dans le vide, le corps atrocement mutilé de sa maîtresse. La tête de Marie-Anne Le Floc'h avait été, elle aussi, affreusement défoncée, le visage tailladé. Les mains qu'elle avait croisées sur la poitrine comme pour prier juste avant de mourir, étaient maculées de sang; un doigt avait été sectionné. Le sang avait giclé partout, sur les murs, et jusqu'au plafond. Il y en avait aussi sur le seuil.
........................................... à suivre ...............
4- la servante préparait le café.
Aucun désordre ne régnait dans la pièce. Les armoires n'avaient pas été fouillées. Quarante-cinq mille francs placés dans une feuille de journal et appartenant à Marie-Anne Le Floc'h furent retrouvés à leur place, ainsi que quinze mille francs dans le sac de la servante. Dans l'âtre, une cafetière à demi-pleine de café; sur le feu éteint, une casserole d'eau: le crime avait été commis au moment où la servante préparait le café.
Des fermiers demeurant à trois cents mètres du penty vinrent apporter des précisions. La femme, Amélie Le Clech, avait entendu
un long cri vers 6h40. C'était l'ouverture de la chasse, elle l'avait pris pour un appel de chasseur. Une détonnation, d'ailleurs, avait retenti quelques minutes plus tard. Devant la maison, les gendarmes découvrirent un des peignes de Victorine Moulec.
Le meurtrier avait dû se cacher en attendant que la porte s'ouvrit. Quand la servante était sortie, il l'avait frappée au bas du dos, avec un marteau ou une hache. Elle s'était écroulée. Il l'avait ramenée à l'intérieur et l'avait achevée à la tête. Puis il avait dû se précipiter sur Marie-Anne Le Floc'h et la massacrer pour la faire taire car elle avait peut-être crié, à moins que ce ne fût Victorine Moulec qui ait poussé un grand cri avant de mourir. Puis le coup de feu avait éclaté.
Le meurtrier s'était éclipsé, emportant son arme, demeurée introuvable malgré toutes les recherches. Avait-il pris peur et s'était-il enfui sans voler? Ou bien n'était-il pas venu pour l'argent?
Vengeance, alors... Mais vengeance de qui? Et pourquoi?
....................................... à suivre....................
Des fermiers demeurant à trois cents mètres du penty vinrent apporter des précisions. La femme, Amélie Le Clech, avait entendu
un long cri vers 6h40. C'était l'ouverture de la chasse, elle l'avait pris pour un appel de chasseur. Une détonnation, d'ailleurs, avait retenti quelques minutes plus tard. Devant la maison, les gendarmes découvrirent un des peignes de Victorine Moulec.
Le meurtrier avait dû se cacher en attendant que la porte s'ouvrit. Quand la servante était sortie, il l'avait frappée au bas du dos, avec un marteau ou une hache. Elle s'était écroulée. Il l'avait ramenée à l'intérieur et l'avait achevée à la tête. Puis il avait dû se précipiter sur Marie-Anne Le Floc'h et la massacrer pour la faire taire car elle avait peut-être crié, à moins que ce ne fût Victorine Moulec qui ait poussé un grand cri avant de mourir. Puis le coup de feu avait éclaté.
Le meurtrier s'était éclipsé, emportant son arme, demeurée introuvable malgré toutes les recherches. Avait-il pris peur et s'était-il enfui sans voler? Ou bien n'était-il pas venu pour l'argent?
Vengeance, alors... Mais vengeance de qui? Et pourquoi?
....................................... à suivre....................
5- l'alibi de Louis
Un ancien fermier des Le Floc'h fut appréhendé, Louis Solliec, qu'un différent avait opposé à ses patrons et qui devait s'embarquer deux jours plus tard pour le Nouveau Monde. Mais l'alibi de l'ancien fermier qui partait tenter fortune au Canada était incassable.
Vengeance... Mais qui aurait pu vouloir se venger de Marie-Anne Le Floc'h ou de Victorine Moulec? Les deux femmes n'avaient apparemment pas d'ennemis. Victorine Moulec était entrée au service de Marie-Anne Le Floc'h à l'âge de 14 ans. Elle ne l'avait jamais quittée depuis. Quant à Marie-Anne Le Floc'h, elle avait mené auprès de son mari et de ses trois enfants qui étaient nés, puis qui s'étaient mariés, une vie tranquille et sans histoire.
Leurs enfants installés dans la vie (un fils établi bouilleur de crû à Carhaix; une fille mariée et habitant New-York; l'autre fille mariée à un représentant vivant aux environs de Gourin), devenus vieux, les deux époux, après avoir distribué leurs biens à leurs enfants, lesquels leur versaient une pension, s'étaient retirés avec leur servante dans le penty de Moulin-à-Vent. Ils y coulaient des jours heureux et paisibles.
Leurs amis venaient les voir le dimanche, consacré à d'interminables et farouches parties de "trois-sept". La championne de ce jeu était sans conteste Louise Ar C'halvez qui, outre ce titre, se signale encore comme fileuse, détentrice d'une recette miraculeuse de tripes aux pruneaux (dont elle prépare un plein chaudron le jour de la Fête de Saint-Hervé, son village...), danseuse folklorique, etc... Les trois femmes qui décourageaient les hommes par leur acharnement fervent, jouaient souvent seules, intéressant la partie à "vingt sous" chacune, parties âprement disputées dont on parle dans le pays à l'égal des épopées moyenâgeuses.
Non, vraiment, on ne voyait pas qui aurait pu vouloir tuer Marie-Anne Le Floc'h ou Victorine Moulec pour s'en venger.
................................... à suivre...............
Vengeance... Mais qui aurait pu vouloir se venger de Marie-Anne Le Floc'h ou de Victorine Moulec? Les deux femmes n'avaient apparemment pas d'ennemis. Victorine Moulec était entrée au service de Marie-Anne Le Floc'h à l'âge de 14 ans. Elle ne l'avait jamais quittée depuis. Quant à Marie-Anne Le Floc'h, elle avait mené auprès de son mari et de ses trois enfants qui étaient nés, puis qui s'étaient mariés, une vie tranquille et sans histoire.
Leurs enfants installés dans la vie (un fils établi bouilleur de crû à Carhaix; une fille mariée et habitant New-York; l'autre fille mariée à un représentant vivant aux environs de Gourin), devenus vieux, les deux époux, après avoir distribué leurs biens à leurs enfants, lesquels leur versaient une pension, s'étaient retirés avec leur servante dans le penty de Moulin-à-Vent. Ils y coulaient des jours heureux et paisibles.
Leurs amis venaient les voir le dimanche, consacré à d'interminables et farouches parties de "trois-sept". La championne de ce jeu était sans conteste Louise Ar C'halvez qui, outre ce titre, se signale encore comme fileuse, détentrice d'une recette miraculeuse de tripes aux pruneaux (dont elle prépare un plein chaudron le jour de la Fête de Saint-Hervé, son village...), danseuse folklorique, etc... Les trois femmes qui décourageaient les hommes par leur acharnement fervent, jouaient souvent seules, intéressant la partie à "vingt sous" chacune, parties âprement disputées dont on parle dans le pays à l'égal des épopées moyenâgeuses.
Non, vraiment, on ne voyait pas qui aurait pu vouloir tuer Marie-Anne Le Floc'h ou Victorine Moulec pour s'en venger.
................................... à suivre...............