Beg-An-Hent-Bras, Roudouallec
Max se rappelle...
Notre ancien compatriote Maurice Guyader dit "Max", Landais depuis plusieurs dizaines d'années, constate que sa mémoire se réveille un peu plus que prévu depuis qu'il consulte ce blog sur son ancienne commune... Voici l'intégralité de son dernier message:
Je continue à consulter ton blog; il est fort intéressant et me réveille certains souvenirs. Par exemple, sur la planche photographique n°11, photo prise à partir de la maison de Charles Le Du vers Beg-An-Hent-Bras. Dans la maison en face de la route de Guiscriff, à gauche d'une impasse, un certain Riou s'était installé en tant que vendeur-réparateur de télés. J'avais dans les 11 ans et j'ai pu voir à cette époque mon premier film télé! En effet, Mr Riou ouvrait le soir chez lui sa salle à manger pour que l'on puisse voir un programme de télévision.
C'est ainsi que j'ai pu voir: "un petit garçon jouant dans la rue avec un ballon en baudruche".
Et la conclusion du film était:
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme,
qui s'attache à notre âme
et la force d'aimer?"
Chose curieuse, et malgré ma petite mémoire, je n'ai pas oublié ces premières images télé, ni les paroles, 55 ans après.
Continue! Ton blog est captivant et surtout très important pour la mémoire de notre village.
Max.
..................................
Voici quelques précisions à la lettre de Maurice-Max:
- le Mr Riou à qui Max pense, est Henri Riou, le regretté époux de notre amie Simone Le Ny-Riou. Henri s'était effectivement installé comme électricien dans cette maison, toujours habitée par Simone. L'actuel salon, dans la partie gauche de la maison, donnant sur la route, faisait office de magasin. Outre son matériel et autres articles, Henri avait posé un gros poste de télévision sur l'une des extrémités de son comptoir. A l'époque, les téléviseurs étaient très volumineux, et lourds!
Bien sûr, il n'y avait que le noir-et-blanc... et une seule chaîne... et la définition de l'image était en 819 lignes!
Et c'est bien vrai! Le soir, Henri et Simone allumaient leur télévision dans le magasin! Beaucoup de monde (des enfants surtout... dont Max! et moi aussi, d'aileurs...)ne se gênait pas pour venir regarder cette boîte mystérieuse, par la vitre de la porte principale... Mais bien vite Simone nous faisait rentrer et nous asseoir!!!)
C'était FASCINANT!
.............................
Le film auquel Max fait allusion est exactement:
" le ballon rouge "
un moyen métrage de Albert Lamorisse, sorti en 1956.
Ce film d'une durée de 36 minutes se déroule dans le quartier de Ménilmontant, dans un Paris des années 50, et suit les aventures d'un jeune garçon (joué par le fils d'Albert Lamorisse, Pascal).
Ce petit garçon trouve un gros ballon rouge accroché à un réverbère. Commence alors une histoire d'amitié avec ce ballon qui suit le petit garçon dans les rues de Paris.
La jalousie d'une bande de garçons de son âge va mener ce film vers une fin à la fois tragique et magique.
....................................
notes personnelles:
- je possède la cassette vidéo VHS de ce film à la maison. Le film est en effet en noir et blanc! Sauf que, par un magistral trucage, le ballon est rouge!!! du début jusqu'à la fin!!!! Et ça, dans la télévision de Henri Riou, Max et les autres n'ont pas pu le voir.
Une dernière remarque: les enfants jouant les rôles de "méchants bagarreurs" ne sont pas des inconnus: il s'agit des frères Séchan: Renaud Séchan, dit Renaud, le chanteur; et son frère Thierry, romancier.
Je continue à consulter ton blog; il est fort intéressant et me réveille certains souvenirs. Par exemple, sur la planche photographique n°11, photo prise à partir de la maison de Charles Le Du vers Beg-An-Hent-Bras. Dans la maison en face de la route de Guiscriff, à gauche d'une impasse, un certain Riou s'était installé en tant que vendeur-réparateur de télés. J'avais dans les 11 ans et j'ai pu voir à cette époque mon premier film télé! En effet, Mr Riou ouvrait le soir chez lui sa salle à manger pour que l'on puisse voir un programme de télévision.
C'est ainsi que j'ai pu voir: "un petit garçon jouant dans la rue avec un ballon en baudruche".
Et la conclusion du film était:
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme,
qui s'attache à notre âme
et la force d'aimer?"
Chose curieuse, et malgré ma petite mémoire, je n'ai pas oublié ces premières images télé, ni les paroles, 55 ans après.
Continue! Ton blog est captivant et surtout très important pour la mémoire de notre village.
Max.
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Voici quelques précisions à la lettre de Maurice-Max:
- le Mr Riou à qui Max pense, est Henri Riou, le regretté époux de notre amie Simone Le Ny-Riou. Henri s'était effectivement installé comme électricien dans cette maison, toujours habitée par Simone. L'actuel salon, dans la partie gauche de la maison, donnant sur la route, faisait office de magasin. Outre son matériel et autres articles, Henri avait posé un gros poste de télévision sur l'une des extrémités de son comptoir. A l'époque, les téléviseurs étaient très volumineux, et lourds!
Bien sûr, il n'y avait que le noir-et-blanc... et une seule chaîne... et la définition de l'image était en 819 lignes!
Et c'est bien vrai! Le soir, Henri et Simone allumaient leur télévision dans le magasin! Beaucoup de monde (des enfants surtout... dont Max! et moi aussi, d'aileurs...)ne se gênait pas pour venir regarder cette boîte mystérieuse, par la vitre de la porte principale... Mais bien vite Simone nous faisait rentrer et nous asseoir!!!)
C'était FASCINANT!
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Le film auquel Max fait allusion est exactement:
" le ballon rouge "
un moyen métrage de Albert Lamorisse, sorti en 1956.
Ce film d'une durée de 36 minutes se déroule dans le quartier de Ménilmontant, dans un Paris des années 50, et suit les aventures d'un jeune garçon (joué par le fils d'Albert Lamorisse, Pascal).
Ce petit garçon trouve un gros ballon rouge accroché à un réverbère. Commence alors une histoire d'amitié avec ce ballon qui suit le petit garçon dans les rues de Paris.
La jalousie d'une bande de garçons de son âge va mener ce film vers une fin à la fois tragique et magique.
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notes personnelles:
- je possède la cassette vidéo VHS de ce film à la maison. Le film est en effet en noir et blanc! Sauf que, par un magistral trucage, le ballon est rouge!!! du début jusqu'à la fin!!!! Et ça, dans la télévision de Henri Riou, Max et les autres n'ont pas pu le voir.
Une dernière remarque: les enfants jouant les rôles de "méchants bagarreurs" ne sont pas des inconnus: il s'agit des frères Séchan: Renaud Séchan, dit Renaud, le chanteur; et son frère Thierry, romancier.
Monsieur Louis Le Bris et ses Conseillers Municipaux honorés
quel sérieux . . . |
Voici quelques informations anciennes, âgées d'à peu près 25 ans, concernant notre regretté ancien Maire Monsieur Louis Le Bris, ainsi que quelques uns de ses Conseillers Municipaux, qui avaient reçu, à juste titre, des Médailles d'honneur pour tant de services rendus à la commune de Roudouallec.
......................................................
>>> M. Yves Le Moal, Maire de Roudouallec, n'a pas manqué de souligner samedi 28 septembre, à l'adresse de M. Schaeffer, nouveau sous-préfet de Pontivy, qui honorait de sa présence la remise de médailles à l'ancien maire et aux 9 autres conseillers municipaux, les difficultés que rencontrent actuellement les petites communes du centre-Bretagne pour "survivre".
Il rappelait le refus émanant des bureaux de la préfecture concernant le projet de lotissement HLM, pourtant viabilisé, de la route de Guiscriff, jugé trop éloigné du centre-bourg.
Le sous-préfet a mentionné, en retour, sa volonté de soutenir et d'aider, dans la mesure de ses possibilités, les localités telles que Roudouallec qui a conservé son tissu rural, en constatant que malheureusement la France penche actuellement vers une situation "citadine", et qu'il faut faire son possible pour infléchir le cours des choses...
Ensuite, M. Le Moal faisait l'éloge de son prédécesseur, Monsieur Louis Le Bris, ancien directeur d'école également:
"Il m'a laissé, en 1980, un très bon héritage, et m'a appris les ficelles du métier... On lui doit, entre autres, la construction d'une école, d'une cantine, du bureau de Poste, du presbytère, de 25 km de chemins ruraux dans le cadre du remembrement, de la création du service d'aide à domicile, l'extension du ramassage des ordures ménagères, le service d'eau au bourg, etc..."
La cérémonie se terminait de façon sympathique par un vin d'honneur à la salle polyvalente en présence des familles des médaillés, de M. Yves Le Goff, président du SIVOM; M. Massé, percepteur à Gourin; M. Gouzien, représentant la brigade de Gendarmerie de Gourin.
Médaille d'Or:
- M. Louis Le Bris
conseiller municipal, du 2.11.1947 au 10.05.1953
maire, du 11.05.1953 au 22.05.1980
conseiller municipal, du 23.05.1980 au 11.03.1989
Médaille de Vermeil:
- François Sieller
c.m. du 08.03.1953 au 11.03.1989
1er adjoint au Maire du 08.03.1959 au 20.03.1977
membre du CCAS depuis le 12.03.1989
- François Quéré
c.m. du 08.03.1959 au 11.03.1989
membre du CCAS depuis le 12.03.1989
- Eugène Le Dour
c.m.du 08.03.1959 au 05.03.1983
membre du CCAS du 06.03.1983 au 11.03.1989
Médaille d'Argent:
- Guy Ducoat (c.m. depuis le 21.03.1971)
- Maurice Pichon (depuis le 21.03.1971)
- Louis Quéré (depuis le 21.03.1971)
1er Adjoint au Maire depuis le 20.03.1977
- Alain Rolland (depuis le 21.03.1971)
- Alain Salaün (depuis le 21.03.1971)
- Jean Kergaravat (c.m. du 21.03.1971 au 11.03.1989)
membre du CCAS depuis le 12.03.1989.
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>>> M. Yves Le Moal, Maire de Roudouallec, n'a pas manqué de souligner samedi 28 septembre, à l'adresse de M. Schaeffer, nouveau sous-préfet de Pontivy, qui honorait de sa présence la remise de médailles à l'ancien maire et aux 9 autres conseillers municipaux, les difficultés que rencontrent actuellement les petites communes du centre-Bretagne pour "survivre".
Il rappelait le refus émanant des bureaux de la préfecture concernant le projet de lotissement HLM, pourtant viabilisé, de la route de Guiscriff, jugé trop éloigné du centre-bourg.
Le sous-préfet a mentionné, en retour, sa volonté de soutenir et d'aider, dans la mesure de ses possibilités, les localités telles que Roudouallec qui a conservé son tissu rural, en constatant que malheureusement la France penche actuellement vers une situation "citadine", et qu'il faut faire son possible pour infléchir le cours des choses...
Ensuite, M. Le Moal faisait l'éloge de son prédécesseur, Monsieur Louis Le Bris, ancien directeur d'école également:
"Il m'a laissé, en 1980, un très bon héritage, et m'a appris les ficelles du métier... On lui doit, entre autres, la construction d'une école, d'une cantine, du bureau de Poste, du presbytère, de 25 km de chemins ruraux dans le cadre du remembrement, de la création du service d'aide à domicile, l'extension du ramassage des ordures ménagères, le service d'eau au bourg, etc..."
La cérémonie se terminait de façon sympathique par un vin d'honneur à la salle polyvalente en présence des familles des médaillés, de M. Yves Le Goff, président du SIVOM; M. Massé, percepteur à Gourin; M. Gouzien, représentant la brigade de Gendarmerie de Gourin.
Médaille d'Or:
- M. Louis Le Bris
conseiller municipal, du 2.11.1947 au 10.05.1953
maire, du 11.05.1953 au 22.05.1980
conseiller municipal, du 23.05.1980 au 11.03.1989
Médaille de Vermeil:
- François Sieller
c.m. du 08.03.1953 au 11.03.1989
1er adjoint au Maire du 08.03.1959 au 20.03.1977
membre du CCAS depuis le 12.03.1989
- François Quéré
c.m. du 08.03.1959 au 11.03.1989
membre du CCAS depuis le 12.03.1989
- Eugène Le Dour
c.m.du 08.03.1959 au 05.03.1983
membre du CCAS du 06.03.1983 au 11.03.1989
Médaille d'Argent:
- Guy Ducoat (c.m. depuis le 21.03.1971)
- Maurice Pichon (depuis le 21.03.1971)
- Louis Quéré (depuis le 21.03.1971)
1er Adjoint au Maire depuis le 20.03.1977
- Alain Rolland (depuis le 21.03.1971)
- Alain Salaün (depuis le 21.03.1971)
- Jean Kergaravat (c.m. du 21.03.1971 au 11.03.1989)
membre du CCAS depuis le 12.03.1989.
au nom du Père, du Maire et du Saint-Esprit Républicain
Monsieur le Recteur Marcel Le Mouël |
Peut-être vous souvenez-vous encore de notre bon curé Marcel Le Mouël, muté à Guiscriff pour des raisons épiscopales dépassant l'énorme affection que Roudouallec lui portait, de la Municipalité d'alors dirigée par notre ami Yves Le Moal, du déferlement médiatique que cette "affaire" avait causé (moi-même, j'étais alors passé au Journal Télévisé de 13h sur Antenne 2 avec Philippe Lefait)...
Ici, vous allez pouvoir lire la copie exacte d'un long article écrit par Madame Judith Rueff, paru dans le journal national "Le Monde"...
.......................................................
Une municipalité du Morbihan
Ici, vous allez pouvoir lire la copie exacte d'un long article écrit par Madame Judith Rueff, paru dans le journal national "Le Monde"...
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Une municipalité du Morbihan
mobilisée pour garder le curé du village
L'union sacrée de Roudouallec
>>> Roudouallec veut garder son "curé". Ou plutôt son recteur, comme on l'appelle dans ce petit bourg de la Bretagne profonde, aux confins du Morbihan. Car l'abbé Le Mouël, "Marcel", appartient au village breton comme l'instituteur, le maire ou le facteur. Un personnage qui fait partie du décor. Et dont le départ vers une paroisse plus peuplée, prévu pour septembre prochain, causera un grand vide. "Le curé qui s'en va, c'est un peu la mort du village", regrettent les plus anciens sur le pas de leur porte.
>>> Sitôt apprise la nouvelle de la mutation de "Marcel", à soixante-trois ans et après quatorze ans de bons et loyaux services, le maire de Roudouallec, Yves Le Moal, a fait battre le rappel des amis du recteur. Plus de 800 habitants sur les 856 officiellement recensés, ont signé la pétition lancée par le conseil municipal en faveur du prêtre. Un plébiscite qui n'étonne guère Yves Le Moal. Car le premier élu de la commune - socialiste, instituteur, laïc et républicain - a compris ses ouailles. A Roudouallec, le recteur n'a qu'une sorte d'ennemis: quelques bigotes, qui le jugent par trop "coulant".
>>> La mobilisation des paroissiens sous la houlette du maire PS, tient bien moins de la bouffée de fièvre religieuse que d'un mouvement de sympathie pour un homme particulièrement tolérant et proche de ses (plus ou moins) fidèles. En fait, seulement 10% des habitants pratiquent, aujourd'hui, dans cette paroisse autrefois très croyante, "la meilleure du pays", disait-on.
>>> "J'habite à côté de l'église, mais... je ne vais jamais à la messe!" proclame un vieil agriculteur matois. "Mais le recteur, c'est autre chose. Nous bavardons tous les deux et nous buvons souvent le coup ensemble." Même son de cloche du côté des jeunes. Ils trouvent vraiment "sympa" ce curé qui ne leur parle jamais de religion et ne leur reproche pas de manquer la messe du samedi soir ou du dimanche matin... Bref, un prêtre rien moins que prosélyte et qui ne dispense pas ses faveurs en fonction du temps de fréquentation de l'église. Ce qui ne va pas sans hérisser un peu les (rares) fidèles qui affichent une constance irréprochable.
>>> Visage buriné sortant d'une blouse bleu-gris, roulant des "r" presque méridionaux, le recteur répond par un éclat de rire et un frottement de mains un peu gêné. Tout ce tapage autour de son déplacement l'émeut et l'embarrasse à la fois. Et sans cacher son attachement au village et à ses habitants, le curé réprimande les "exaltés", ceux qui ont des mots désagréables - et des sentiments peu chrétiens - pour l'évêque de Vannes, à l'origine de cette décision.
"Les plus sages comprennent la situation: on ne peut pas garder un prêtre ici, c'est vrai. Et c'est bien dommage pour tout le monde."
Car, dans le petit bourg breton, même les pires mécréants gardent cette fierté:
L'union sacrée de Roudouallec
>>> Roudouallec veut garder son "curé". Ou plutôt son recteur, comme on l'appelle dans ce petit bourg de la Bretagne profonde, aux confins du Morbihan. Car l'abbé Le Mouël, "Marcel", appartient au village breton comme l'instituteur, le maire ou le facteur. Un personnage qui fait partie du décor. Et dont le départ vers une paroisse plus peuplée, prévu pour septembre prochain, causera un grand vide. "Le curé qui s'en va, c'est un peu la mort du village", regrettent les plus anciens sur le pas de leur porte.
>>> Sitôt apprise la nouvelle de la mutation de "Marcel", à soixante-trois ans et après quatorze ans de bons et loyaux services, le maire de Roudouallec, Yves Le Moal, a fait battre le rappel des amis du recteur. Plus de 800 habitants sur les 856 officiellement recensés, ont signé la pétition lancée par le conseil municipal en faveur du prêtre. Un plébiscite qui n'étonne guère Yves Le Moal. Car le premier élu de la commune - socialiste, instituteur, laïc et républicain - a compris ses ouailles. A Roudouallec, le recteur n'a qu'une sorte d'ennemis: quelques bigotes, qui le jugent par trop "coulant".
>>> La mobilisation des paroissiens sous la houlette du maire PS, tient bien moins de la bouffée de fièvre religieuse que d'un mouvement de sympathie pour un homme particulièrement tolérant et proche de ses (plus ou moins) fidèles. En fait, seulement 10% des habitants pratiquent, aujourd'hui, dans cette paroisse autrefois très croyante, "la meilleure du pays", disait-on.
>>> "J'habite à côté de l'église, mais... je ne vais jamais à la messe!" proclame un vieil agriculteur matois. "Mais le recteur, c'est autre chose. Nous bavardons tous les deux et nous buvons souvent le coup ensemble." Même son de cloche du côté des jeunes. Ils trouvent vraiment "sympa" ce curé qui ne leur parle jamais de religion et ne leur reproche pas de manquer la messe du samedi soir ou du dimanche matin... Bref, un prêtre rien moins que prosélyte et qui ne dispense pas ses faveurs en fonction du temps de fréquentation de l'église. Ce qui ne va pas sans hérisser un peu les (rares) fidèles qui affichent une constance irréprochable.
>>> Visage buriné sortant d'une blouse bleu-gris, roulant des "r" presque méridionaux, le recteur répond par un éclat de rire et un frottement de mains un peu gêné. Tout ce tapage autour de son déplacement l'émeut et l'embarrasse à la fois. Et sans cacher son attachement au village et à ses habitants, le curé réprimande les "exaltés", ceux qui ont des mots désagréables - et des sentiments peu chrétiens - pour l'évêque de Vannes, à l'origine de cette décision.
"Les plus sages comprennent la situation: on ne peut pas garder un prêtre ici, c'est vrai. Et c'est bien dommage pour tout le monde."
Car, dans le petit bourg breton, même les pires mécréants gardent cette fierté:
"avoir notre recteur".
L'époque bénie
>>> Dans la région, le cas de Roudouallec est en fait une exception, un cas des derniers bastions d'un catholiscisme "de proximité". E l'abbé Le Mouël est un vestige de l'époque bénie - il y a une quizaine d'années - où chaque paroisse avait encore son recteur à domicile, pour ainsi dire. Un à un, les prêtres sont partis sans être remplacés. Plus tardivement peut-être que le reste de la France, la Bretagne est touchée à son tour par la pénurie de curés, qui a déjà obligé au regroupement d'un cinquième des trois cents paroisses du diocède de Vannes. L'évolution semble inexorable.
Et l'abbé Le Mouël s'est bien vite résolu à déménager vers une paroisse plus vaste. A Guiscriff, qui l'accueillera à l'automne prochain, la population fait montre d'une grande compréhension pour la collecte de signatures en faveur du recteur. C'est qu'après le remplacement de l'actuel curé, elle sait que son sort risque - à terme - d'être identique. "Peut-être faudra-t-il que nous aussi on fasse une pétition!"
Et l'abbé Le Mouël s'est bien vite résolu à déménager vers une paroisse plus vaste. A Guiscriff, qui l'accueillera à l'automne prochain, la population fait montre d'une grande compréhension pour la collecte de signatures en faveur du recteur. C'est qu'après le remplacement de l'actuel curé, elle sait que son sort risque - à terme - d'être identique. "Peut-être faudra-t-il que nous aussi on fasse une pétition!"
Yves Le Moal à l'école buissonnière
après 16h15, les élèves sont chez eux... |
Voici le texte du "discours" bourré de contrepêteries écrit et clamé par mon neveu instituteur Roger Bleuzen, lors de la soirée plus qu'amicale organisée par le Foyer Laïque de notre commune de Roudouallec, à l'occasion du départ à la retraite de l'ami Yves Le Moal, ancien Maire de Roudouallec et ancien Maître d'Ecole...
Roudouallec, le 1er Juillet 2005.
Chers Collègues
Membres des équipes éducatives
Parents d'élèves
Mesdames et Messieurs les élu(e)s
Françaises Français,
Nous voilà donc réunis ici ce soir pour célébrer le départ à la retraite de Yves Le Moal. Sans vouloir en faire des longueurs, je voudrais évoquer simplement quelques traits de la carrière de ce Maître et peut-être dévoiler quelques secrets, ou révéler quelques vérités cachées...
Tout jeune déjà, Yves Le Moal faisait le mètre, puis le mètre cinquante, avant de se stabiliser finalement aux alentours du mètre soixante-quinze. Une carrure d'athlète et une clairvoyance d'esprit hors du commun étaient les attributs du sujet qui firent de lui un joueur hors-pair aux Ecureuils de Roudouallec, épithète qu'il aurait même pu jouer au Stade Rennais. "Suivez mon demi-panache!" disait-il à ses coéquipiers croqueurs de noisettes, en épargnant ses commentaires.
Nous voilà donc réunis ici ce soir pour célébrer le départ à la retraite de Yves Le Moal. Sans vouloir en faire des longueurs, je voudrais évoquer simplement quelques traits de la carrière de ce Maître et peut-être dévoiler quelques secrets, ou révéler quelques vérités cachées...
Tout jeune déjà, Yves Le Moal faisait le mètre, puis le mètre cinquante, avant de se stabiliser finalement aux alentours du mètre soixante-quinze. Une carrure d'athlète et une clairvoyance d'esprit hors du commun étaient les attributs du sujet qui firent de lui un joueur hors-pair aux Ecureuils de Roudouallec, épithète qu'il aurait même pu jouer au Stade Rennais. "Suivez mon demi-panache!" disait-il à ses coéquipiers croqueurs de noisettes, en épargnant ses commentaires.
Joueur hors-pair, mais "Maire"!!!
"Mais Maire" de Roudouallec durant plusieurs années, il a, de façon bicéphale, mené sa commune et sa direction d'école.
Yves Le Moal a toujours été un exemple de droiture pour la profession, une référence morale et un guide pour des générations d'élèves. A tous ceux qui ont un jour essayé de s'adresser à l'enseignant en termes injurieux, trop familiers, il répondait:
"On ne parle pas en ces termes au Maître, ça lui fait monter la température!"
Modèle de sobriété, en dépit des tentations qu'offrait une vie trépidante, Yves Le Moal n'en a pour autant jamais refusé de trinquer avec d'anciens élèves rencontrés dans un café. Ceux-ci, heureux de payer un verre à leur ancien instituteur, se demandaient parfois (du bout d'élèves):
-"Que peut-on offrir dans un bar, au Maître?
- Une pression, sans doute!..."
Les plus hésitants préférant, au hasard, servir un coup de pif au Maître:
-"... Ah? ... Et ce flacon de wisky? ... Est-il au Maître? ..."
A l'Ecole Normale, dans la promotion d'Yves Le Moal, il y avait 12 filles et 6 garçons. Douze institutrices, c'était le double des six mètres! L'Administration en a profité pour prendre des mesures et éditer de nouvelles règles. C'est après cela qu'Yves s'est senti Maître...
Ayant passé une année en Italie, Yves Le Moal s'est arrêté à Naples. Dans son appartement où il t'accueillit, toi l'étranger aux flatulences assassines, il a RATP... C'est ainsi qu'il devint Maître aux (Na)politains. C'est dans cette ville qu'il a fait de longues stations et échangé grand nombre de correspondances, ligne après ligne...
Aujourd'hui, un arrière-train pouvant en cacher un autre, Yves Le Moal doit s'occuper de la locomotive qui trône depuis peu sur sa pelouse, déposée par une horde de Guiscrivites arrivés sans crier gare!
Arrêtons-nous là, car nous divaguons et dix wagons, c'est trop pour un seul train, même si les locaux motivent dans cette école rénovée.
D'un réseau ferré à un réseau d'écoles, il n'y a compas: Yves Le Moal a été à la création du réseau La Ruche. Fidèle à ses habitudes, il a suivi l'essaim... Les abeilles de La Rûche ont travaillé durant toutes ces années, et Yves, en tant que coordinateur, a toujours su tenir des propos lisses...
En ce 1er Juillet 2005, Yves Le Moal a déjà prévu sa leçon d'histoire pour demain matin: une leçon sur l'Heureux Traité de Versailles, ou encore sur l'Heureux Traité de Maastricht (tout ça se discute)...
En tout cas, demain midi, à l'issue de ce cours, ce sera la sortie... pour le Retraité du Gué des Saules.
Yves Le Moal a toujours été un exemple de droiture pour la profession, une référence morale et un guide pour des générations d'élèves. A tous ceux qui ont un jour essayé de s'adresser à l'enseignant en termes injurieux, trop familiers, il répondait:
"On ne parle pas en ces termes au Maître, ça lui fait monter la température!"
Modèle de sobriété, en dépit des tentations qu'offrait une vie trépidante, Yves Le Moal n'en a pour autant jamais refusé de trinquer avec d'anciens élèves rencontrés dans un café. Ceux-ci, heureux de payer un verre à leur ancien instituteur, se demandaient parfois (du bout d'élèves):
-"Que peut-on offrir dans un bar, au Maître?
- Une pression, sans doute!..."
Les plus hésitants préférant, au hasard, servir un coup de pif au Maître:
-"... Ah? ... Et ce flacon de wisky? ... Est-il au Maître? ..."
A l'Ecole Normale, dans la promotion d'Yves Le Moal, il y avait 12 filles et 6 garçons. Douze institutrices, c'était le double des six mètres! L'Administration en a profité pour prendre des mesures et éditer de nouvelles règles. C'est après cela qu'Yves s'est senti Maître...
Ayant passé une année en Italie, Yves Le Moal s'est arrêté à Naples. Dans son appartement où il t'accueillit, toi l'étranger aux flatulences assassines, il a RATP... C'est ainsi qu'il devint Maître aux (Na)politains. C'est dans cette ville qu'il a fait de longues stations et échangé grand nombre de correspondances, ligne après ligne...
Aujourd'hui, un arrière-train pouvant en cacher un autre, Yves Le Moal doit s'occuper de la locomotive qui trône depuis peu sur sa pelouse, déposée par une horde de Guiscrivites arrivés sans crier gare!
Arrêtons-nous là, car nous divaguons et dix wagons, c'est trop pour un seul train, même si les locaux motivent dans cette école rénovée.
D'un réseau ferré à un réseau d'écoles, il n'y a compas: Yves Le Moal a été à la création du réseau La Ruche. Fidèle à ses habitudes, il a suivi l'essaim... Les abeilles de La Rûche ont travaillé durant toutes ces années, et Yves, en tant que coordinateur, a toujours su tenir des propos lisses...
En ce 1er Juillet 2005, Yves Le Moal a déjà prévu sa leçon d'histoire pour demain matin: une leçon sur l'Heureux Traité de Versailles, ou encore sur l'Heureux Traité de Maastricht (tout ça se discute)...
En tout cas, demain midi, à l'issue de ce cours, ce sera la sortie... pour le Retraité du Gué des Saules.
Yves l'Ecole Publique!
Yves le Gué des Saules!
Yves la France!
Yves Le Moal!
la dernière traversée de Yves Le Bris
On n'a pas assez des doigts de nos deux mains pour compter toutes les fois où Yves Le Bris, et son épouse Jeanne, ont traversé l'Océan Atlantique pour se rendre aux U.S.A., ou pour en revenir... Yves et Jeanne étaient sans aucun doute les plus "Américains" des Roudouallecois. Je dis "étaient" ... car Yves Le Bris vient de décéder samedi dernier 22 mars 2008, à presque 100 ans!!! Toutes celles et tous ceux qui le connaissaient (et on est nombreux!) sont réellement attristés par cette sombre nouvelle. Son épouse Jeanne s'en est allée il y a déjà trois ans.
Yves est resté, jusqu'au bout, une "figure" de notre commune. L'image que l'on garde de lui, c'est celle d'un homme érudit, blagueur, généreux et intelligent. On le voyait se promener le long des petites routes de Roudouallec, son éternelle pipe aux lèvres, son bâton de marcheur à la main, bien emmitouflé dans son trench-coat... Et aussi au volant de sa voiture, il n'y a pas si longtemps encore!!! Certes il ne roulait pas vite et n'allait pas loin... Mais Yves roulait! Quant à moi, je le rencontrais très souvent au cimetière de Roudouallec, où il venait régulièrement se recueillir sur la tombe de sa chère Jeanne, et nous parlions du Monde... Yves aimait tant parler aux autres! Leur raconter sa longue épopée de labeur aux Etats-Unis, où Jeanne et lui ont travaillé durant tant d'années... Leurs vies sont un roman en plusieurs volumes, où chaque page met en valeur le sens du mot "travail".
Lors du 11 novembre 2006, Yves était venu sur la Place Louis Guiffès, où avait lieu la cérémonie officielle du souvenir de la fin de la Première Guerre Mondiale de 1918; il nous avait relaté, avec beaucoup d'émotion, ses souvenirs d'enfance quand avait débuté cette grande guerre. Parce que Yves avait une mémoire d'éléphant. Il nous avait alors donné force détails sur les réactions de nos chers Roudouallecois de l'époque. Des souvenirs clairs et ordonnés.
Notre amie Christelle Le Bihan-Quiniou, de Coat-Plin-Coat (29), nous dit combien bons sont les souvenirs qu'elle gardera de Yves Le Bris. Christelle dit:
" Le dimanche, quand j'étais encore gamine, j'allais à la messe avec mon pépé... Après la messe, c'était l'heure du "Pernod" chez Aimée Guéguen... C'était un rituel obligatoire pour Yves Le Bris, après la messe...Et surtout cette odeur du tabac de sa pipe, qu'on sentait depuis la cour de l'école quand Yves longeait le mur de la rue de Chateauneuf...Et aussi les bonbons qu'il nous offrait à certains moments de l'année..."
So long, dear Yves... Say hello to Jeanne from all of us... We'll meet again someday somewhere...
Yves est resté, jusqu'au bout, une "figure" de notre commune. L'image que l'on garde de lui, c'est celle d'un homme érudit, blagueur, généreux et intelligent. On le voyait se promener le long des petites routes de Roudouallec, son éternelle pipe aux lèvres, son bâton de marcheur à la main, bien emmitouflé dans son trench-coat... Et aussi au volant de sa voiture, il n'y a pas si longtemps encore!!! Certes il ne roulait pas vite et n'allait pas loin... Mais Yves roulait! Quant à moi, je le rencontrais très souvent au cimetière de Roudouallec, où il venait régulièrement se recueillir sur la tombe de sa chère Jeanne, et nous parlions du Monde... Yves aimait tant parler aux autres! Leur raconter sa longue épopée de labeur aux Etats-Unis, où Jeanne et lui ont travaillé durant tant d'années... Leurs vies sont un roman en plusieurs volumes, où chaque page met en valeur le sens du mot "travail".
Lors du 11 novembre 2006, Yves était venu sur la Place Louis Guiffès, où avait lieu la cérémonie officielle du souvenir de la fin de la Première Guerre Mondiale de 1918; il nous avait relaté, avec beaucoup d'émotion, ses souvenirs d'enfance quand avait débuté cette grande guerre. Parce que Yves avait une mémoire d'éléphant. Il nous avait alors donné force détails sur les réactions de nos chers Roudouallecois de l'époque. Des souvenirs clairs et ordonnés.
Notre amie Christelle Le Bihan-Quiniou, de Coat-Plin-Coat (29), nous dit combien bons sont les souvenirs qu'elle gardera de Yves Le Bris. Christelle dit:
" Le dimanche, quand j'étais encore gamine, j'allais à la messe avec mon pépé... Après la messe, c'était l'heure du "Pernod" chez Aimée Guéguen... C'était un rituel obligatoire pour Yves Le Bris, après la messe...Et surtout cette odeur du tabac de sa pipe, qu'on sentait depuis la cour de l'école quand Yves longeait le mur de la rue de Chateauneuf...Et aussi les bonbons qu'il nous offrait à certains moments de l'année..."
So long, dear Yves... Say hello to Jeanne from all of us... We'll meet again someday somewhere...