Beg-An-Hent-Bras, Roudouallec
matricule 1061 (1)
À la bibliothèque municipale de Roudouallec se trouve un livre dans lequel une dame originaire de Chateauneuf-du-Faou (29), Marie-Anne Caro, raconte son témoignage de femme sur la deuxième guerre mondiale 1939-1945, en particulier dans notre région de la Bretagne centrale. Le titre de ce livre (sorti en Septembre 1988) est:
" La lune brille sur le dolmen "
Dans ce livre extrêmement intéressant figure le récit d'une jeune femme de Roudouallec, Félicie Le Beux, soeur de nos compatriotes Jeanne Le Beux-Le Bihan et Christiane Le Beux-Fresnel, arrêtée par les Allemands en 1944, puis déportée dans un camp de concentration, en Allemagne.
Félicie Le Beux a fait preuve d'un courage sortant de l'ordinaire durant cette période dramatique de notre Histoire. La lecture du récit de sa déportation, on l'espère, fera réfléchir, dans tous les sens du terme, de sorte qu'il n'y ait
PLUS JAMAIS ÇA.
........................................................................
" J'ai été arrêtée le 10 Février 1944 à Saint-Guénolé-Penmarc'h (Finistère) par la Feldgendarmerie pour distribution de tracts aux soldats allemands
dans un but de démoralisation.
J'avais 19 ans. Internée d'abord à Quimper, j'ai subi de durs interrogatoires: coups de poings à la tête, au visage, provoquant une déviation du maxillaire inférieur droit.
Jugée le 26 Mars à Quimper, j'ai été condamnée à mort, peine commuée à 6 ans de réclusion. Transférée à Rennes le 19 Mai, puis en Allemagne le 18 Juin.
Le transport fut effectué dans des wagons à bestiaux, entassés debout, sans boire ni manger. La soif a été le plus grand supplice durant ce voyage.
Arrivés à destination, nous apprenons que nous sommes à Waldheim, en Saxe.
..................... à suivre ...............
" La lune brille sur le dolmen "
Dans ce livre extrêmement intéressant figure le récit d'une jeune femme de Roudouallec, Félicie Le Beux, soeur de nos compatriotes Jeanne Le Beux-Le Bihan et Christiane Le Beux-Fresnel, arrêtée par les Allemands en 1944, puis déportée dans un camp de concentration, en Allemagne.
Félicie Le Beux a fait preuve d'un courage sortant de l'ordinaire durant cette période dramatique de notre Histoire. La lecture du récit de sa déportation, on l'espère, fera réfléchir, dans tous les sens du terme, de sorte qu'il n'y ait
PLUS JAMAIS ÇA.
........................................................................
" J'ai été arrêtée le 10 Février 1944 à Saint-Guénolé-Penmarc'h (Finistère) par la Feldgendarmerie pour distribution de tracts aux soldats allemands
dans un but de démoralisation.
J'avais 19 ans. Internée d'abord à Quimper, j'ai subi de durs interrogatoires: coups de poings à la tête, au visage, provoquant une déviation du maxillaire inférieur droit.
Jugée le 26 Mars à Quimper, j'ai été condamnée à mort, peine commuée à 6 ans de réclusion. Transférée à Rennes le 19 Mai, puis en Allemagne le 18 Juin.
Le transport fut effectué dans des wagons à bestiaux, entassés debout, sans boire ni manger. La soif a été le plus grand supplice durant ce voyage.
Arrivés à destination, nous apprenons que nous sommes à Waldheim, en Saxe.
..................... à suivre ...............
matricule 1061 (2)
La vie au camp est très dure: la faim, les coups, le travail épuisant, le lever tous les jours à 5 heures, la fatigue occasionnée par d'interminables appels sous tous les temps. Hygiène des plus sommaires ! Nous dormions sur des paillasses bourrées de punaises puantes qui nous suçaient le sang et nous laissaient la peau
couverte de cloques.
Le travail était notre cauchemar: sans lui, pas de pain. Et notre état de fatigue était accablant. Nous trichions sans cesse pour survivre. Les camarades moins fatigués aidaient et soutenaient les autres. Un certain rendement était exigé pour avoir droit à la ration quotidienne de pain. La nourriture était très insuffisante: le matin, une eau chaude teintée d'ersatz, un peu de pain et de margarine. Le repas de midi et du soir était composé en général d'un bouillon, dans lequel nageaient des lambeaux de .... chair humaine ! ! !
Les épluchures de pommes de terre étaient un supplément très apprécié, sur lequel nous nous jetions. C'était notre gentille camarade, la secrétaire de Monsieur Bénès, Président de la Tchécoslovaquie à cette époque, travaillant dans les fermes, qui nous les fournissait le soir.
Comme les autres, j'étais devenue un numéro: le 1061.
..................... à suivre ..........
couverte de cloques.
Le travail était notre cauchemar: sans lui, pas de pain. Et notre état de fatigue était accablant. Nous trichions sans cesse pour survivre. Les camarades moins fatigués aidaient et soutenaient les autres. Un certain rendement était exigé pour avoir droit à la ration quotidienne de pain. La nourriture était très insuffisante: le matin, une eau chaude teintée d'ersatz, un peu de pain et de margarine. Le repas de midi et du soir était composé en général d'un bouillon, dans lequel nageaient des lambeaux de .... chair humaine ! ! !
Les épluchures de pommes de terre étaient un supplément très apprécié, sur lequel nous nous jetions. C'était notre gentille camarade, la secrétaire de Monsieur Bénès, Président de la Tchécoslovaquie à cette époque, travaillant dans les fermes, qui nous les fournissait le soir.
Comme les autres, j'étais devenue un numéro: le 1061.
..................... à suivre ..........
matricule 1061 (3)
Un jour, la maladie a eu raison de ma jeunesse et de mon optimisme. Un virage de cuti, survenu dans de mauvaises conditions, me conduisit en cellule. Sans soins, délirant avec 41° de température, j'attendais le pire, c'est-à-dire le fameux transport vers le four crématoire. Malades et incapables de travailler, nous n'avions plus le droit de vivre.
Heureusement pour moi, ce convoi n'a pas eu lieu: les Américains et les Russes, faisant leur jonction à Waldheim, arrêtèrent tout trafic. Notre vie était sauve !
Il n'en fut pas de même pour le docteur et le personnel soignant du camp qui, après une inspection russe et américaine de l'infirmerie, furent fusillés immédiatement et sans jugement !
....................... à suivre .....................
Heureusement pour moi, ce convoi n'a pas eu lieu: les Américains et les Russes, faisant leur jonction à Waldheim, arrêtèrent tout trafic. Notre vie était sauve !
Il n'en fut pas de même pour le docteur et le personnel soignant du camp qui, après une inspection russe et américaine de l'infirmerie, furent fusillés immédiatement et sans jugement !
....................... à suivre .....................
matricule 1061 (4)
Malgré la présence des gardiennes armées et des "droits communs" allemands, la résistance continuait de mille manières: nous sabotions tout ce qu'il était possible de saboter.
L'entraide était extraordinaire ! J'avais comme camarades des Belges, des Polonais, des Tchèques et des "droits communs" allemandes. La vie était difficile avec ces dernières; elles nous tourmentaient de différentes manières: vols, etc...
.............................................................................
J'ai été libérée dans la nuit du 6 au 7 Mai 1945 par les Russes, dont j'ai admiré la correction et une grande gentillesse à notre égard. Nous sommes restées deux jours sous leur garde. Ensuite, l'armée américaine s'est chargée de nous. Peu à peu, mais lentement car la débâcle était à son comble, on nous a rapatriées.
................ à suivre ..............
L'entraide était extraordinaire ! J'avais comme camarades des Belges, des Polonais, des Tchèques et des "droits communs" allemandes. La vie était difficile avec ces dernières; elles nous tourmentaient de différentes manières: vols, etc...
.............................................................................
J'ai été libérée dans la nuit du 6 au 7 Mai 1945 par les Russes, dont j'ai admiré la correction et une grande gentillesse à notre égard. Nous sommes restées deux jours sous leur garde. Ensuite, l'armée américaine s'est chargée de nous. Peu à peu, mais lentement car la débâcle était à son comble, on nous a rapatriées.
................ à suivre ..............
matricule 1061 (5)
Je suis rentrée très amaigrie, avec des troubles intestinaux, asthénie importante mais périodique, troubles fonctionnels cardiaques, insomnies, etc...
Les séquelles morales auraient pu être catastrophiques; mais ma jeunesse aidant, j'ai réagi assez vite.
Après un séjour en maison de repos, j'ai repris une vie normale. J'ai fait des études d'infirmière dans les hôpitaux de Paris. Là, les misères des autres m'ont aidée à surmonter les miennes. Car RIEN ne peut effacer
un tel cauchemar ! "
Félicie Le Beux.
Les séquelles morales auraient pu être catastrophiques; mais ma jeunesse aidant, j'ai réagi assez vite.
Après un séjour en maison de repos, j'ai repris une vie normale. J'ai fait des études d'infirmière dans les hôpitaux de Paris. Là, les misères des autres m'ont aidée à surmonter les miennes. Car RIEN ne peut effacer
un tel cauchemar ! "
Félicie Le Beux.